Je reproduis ici un texte publié dans Le Rouge et le Vert, le journal hebdo de l'AREV (Alternative Rouge et Verte).
          Pour ceux qui ne connaissent pas, la CRII-RAD est une association indépendante composée de spécialistes du nucléaire. Entre autres, elle avait donné l'alerte lorsque le nuage de Chernobyl était passé sur la France.
          Voici leur communiqué :

Suite aux déclarations de Président de la République concernant la reprise des essais nucléaires, la CRII-RAD souhaite apporter les précisions suivantes :

1. - Une decision basée sur des informations erronées: "Il est faux d'affirmer, comme l'a fait M. Chirac, que les explosions atomiques souterraines sont sans conséquence sur l'environnement. La bombe elle-meme est constituée de matières radioactives (uranium, tritium, plutonium) et l'explosion provoque ensuite une augmentation considérable de la radioactivité initiale, par formation de nouveaux produits radioactifs, les produits de fission.
             Les explosions repétées ont ainsi crée au sein del'atoll de gigantesques reserves de déchets radioactifs ainsi qu'un immense réseau de fractures particuli favorable à la migration des produits radioactifs.
             La question n'est donc pas de savoir si l'environnement est, ou non, contaminé - la contamination est une évidence scientifique, mais de déterminer le cheminement des radionucléides et le temps qu'il leur faudra pour s'incorporer à la chaine alimentaire et atteindre l'homme.
             Rappelons que toute incorporation d'élements radioactifs, si faible soit-elle, entraine un risque de cancer pour la personne exposée et un risque génetique pour sa descendance. Signalons à cet égard que les données sur l' ét &aflex;t de santé des soldats et des populations de Polynésie francaise sont classées "Secret Défense".
             Par ailleurs, personne n'est en mesure de se prononcer sur la contamination actuelle de l'atoll. En effet, contrairement a ce qui a été affirmé, les scientifiques qui sont intervenus a Moruroa n'ont pas eu la liberté de choisir leurs lieux d'investigation. Les visites guidées par des autorités militaires font peser une suspicion l égitime sur l'état radiologique des zones interdites.
             En consequence et conformement à ce qu'a proposé M. Chirac, la CRII-RAD sollicitera, des demain, l'autorisation d'effectuer une mission d'étude sur Moruroa, en association avec d'autres scientifiques independants. L'autorisation devra explicitement stipuler que les autorités militaires laisseront les scientifiques accéder a toutes les parties de l'atoll et proceder à toutes mesures ou pr él èvements qu'ils jugeront nécessaires.
             L'absence d'impact sur l'environnement ayant été donné comme un élement de la décision, il est indispensable que les contr ôles puissent etre effectués avant l'éventuelle reprise des essais.

2. - Intéret general ou intérets particuliers ? La CRII-RAD demande l'organisation d'un grand débat contradictoire!
             Dans le contexte international actuel, la reprise des essais nucléaires n'est pas une décision anodine. Nombre de pays qui ne disposent pas de l'armement nucléaire ont déclaré que leur adhésion au traité de non-proliferation dépendra de l'engagement des pays qui en sont détenteurs a avancer dans le désarmement, et, a tout le moins, en gage de bonne foi, a mettre fin a leurs essais nucléaires!
             "Que les explosions soient réelles ou simulées, l'objectif des essais est en effet de fournir des données permettant de moderniser et de développer l'armement existant."
             Si le President de la Republique a pu etre induit en erreur sur l'impact écologique des explosions, il a pu l'etre aussi bien sur l'ensemble du dossier. Compte tenu des enjeux, et quels que soient les points de vue, il est de toute facon dangereux de confier l'avenir a un petit groupe d'experts dont il reste a prouver qu'ils se sont prononcés en fonction de l'intéret géneral et non d'intérets particuliers.
             La démocratie aurait tout a gagner d'un grand débat contradictoire ou pourraient être discutés la justification et le cout des essais nucléaires, coût financier pour l'ensemble des contribuables, mais aussi coût sanitaire pour les soldats et les populations exposées.
   

Valence, le 15 juin 1995.

CRII-RAD
(Comission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité)

471 av. Victor Hugo
26000 VALENCE
tel 75 40 95 05
fax 75 81 26 48

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          I reproduce here an article published by CRII_RAD in a French Newspaper (The Red and the Green).
          For those who do not know of them, the CRII_RAD is an independent association of nuclear specialists - among other things, they gave the alert when the Chernobyl radioactive cloud passed over France.
          Here is their article:

Following the decision from the French president with regard to the resumption of nuclear tests: the CRII-RAD would like to make the following points:

1. - This decision is based on false assumptions: "It is wrong to declare, as did M. Chirac, that subterranean atomic explosions are without any consequences to the environment. The bomb itself is made of radioactive materials (uranium, tritium, plutonium) and its explosion causes a considerable addition to the initial radioactivity, through the creation of new radioactive substances; the products of fission.
             Repeated explosions have thus created, in the body of the atoll, enormous accumulations of radioactive waste permeating an immense network of cracks particularly conducive to their dissemination.
             The question is not one of knowing whether or not the environment is contaminated - the contamination is a scientific fact - but to determine how far the particles (radionuclides) will travel, and how long it will take for them to be incorporated in the food chain, and to reach human beings!
             We must remember that any absorption of radioactive elements, however weak they may be, produces a risk of cancer to anyone exposed, and a genetic risk for their future children. We also note that all information about the state of health of soldiers and French-Polynesian inhabitants is classified "Top Secret".
             In any case, nobody can be sure to what degree the atoll is currently contaminated. Contrary to what has been stated, the scientist called in to investigate Mururoa were not free to choose where they investigated. The guidance of the visits by the military authorities must give rise to suspicion as to the state of the zones that were forbidden .
             In consequence, and in accord with what Chirac has proposed, CRII-RAD is requesting permission, starting tomorrow, to organise a study mission on Mururoa, in association with other independent scientists. The authorisation should clearly stipulate that the military authorities will allow access to all parts of the atoll and proceed to take any measurements or collect any samples that they may judge necessary.
             The absence of impact on the environment having been given as an element in the Government's decision , it is essential that this sampling be done before the resumption of the tests!

2. - General interests or private interests? CRII-RAD is asking for the organization of a general debate!
             In the existing international climate, the resumption of nuclear tests is not a minor decision. Numerous countries which do not possess nuclear arms have declared that their decisons to adhere to the treaty of non-proliferation will depend on the commitment shown by the countries that possess nuclear power, to progress towards disarmament, or at least, as a gesture of good faith, to halting all nuclear tests!
             Whether the explosions are real or simulated, the objective of the tests is, in fact, to provide data needed to modernise and develop the existing arsenal.
             If the President of the Republic has been led into error about the ecological impact of the explosions on the environment, it could have been the same for the rest of the dossier. Given the nature of the stakes, and from whatever position one starts, it is altogether dangerous to put the future into the hands of a small group of experts who have yet to prove that they act on behalf of the general welfare and not for private interests.
             Democracy would have everything to gain from a general debate where the justification and the costs of these tests would be discussed, together with the financial costs for the taxpayers, and also the health costs for the soldiers and the populations exposed .
   

Valence 15 june 1995

CRII-RAD
Committee for Research and Independent Information on Radioactivity

471 av. Victor Hugo
26000 VALENCE
tel 75 40 95 05
fax 75 81 26 48